Les récentes élections américaines, marquées par la victoire de Donald Trump face à Kamala Harris, mettent en lumière un aspect qui me semble fondamental et souvent sous-estimé en communication politique : la capacité d’un candidat à comprendre et diagnostiquer correctement les attentes du public est dissocié de la pertinence des solutions qu’il propose.

Ce constat révèle un paradoxe courant en politique : un leader peut être extrêmement intuitif quant aux préoccupations populaires sans nécessairement offrir les solutions les plus adaptées. À l’inverse, un candidat qui propose des solutions pertinentes pour des défis globaux peut échouer s’il ne saisit pas les priorités immédiates de la population.

L’art du diagnostic : comprendre les besoins primaires

Donald Trump a construit son message autour des besoins fondamentaux des Américains, en mettant l’accent sur des thèmes tels que le pouvoir d’achat, l’emploi, l’économie et la sécurité. Ces préoccupations correspondent aux besoins primaires identifiés dans la pyramide de Maslow. Lorsqu’ils ne sont pas satisfaits, ces besoins prennent le pas sur des aspirations plus élevées.

En répondant à ces attentes, Trump a su capter l’attention d’une grande partie de la population, notamment des classes populaires et des régions industrielles touchées par la crise économique.

Cependant, les solutions proposées par Trump, comme une politique protectionniste ou des mesures controversées sur la sécurité intérieure, sont sujettes à débat. Elles peuvent être perçues comme nuisibles à des enjeux globaux tels que l’environnement ou la cohésion sociale à long terme. Pourtant, en se concentrant sur les besoins immédiats et ressentis de son public, il a pu s’imposer comme un communicant puissant et convaincant.

Cela nous rappelle une règle essentielle : une promesse politique n’a de force que si elle répond aux préoccupations concrètes des électeurs.

Le diagnostic sociétal : l’approche de Kamala Harris

En contraste, Kamala Harris a orienté sa campagne vers des valeurs humanistes, en mettant en avant des thèmes comme l’écologie, la tolérance et les droits des minorités. Ces sujets incarnent des aspirations situées au sommet de la pyramide de Maslow, comme la réalisation de soi et le besoin d’appartenance.

Bien que ces valeurs soient essentielles et inspirantes pour une société plus juste, elles n’ont pas trouvé un écho suffisant auprès d’une population préoccupée par des priorités plus immédiates.

En se focalisant sur ces enjeux, Harris est apparue déconnectée des préoccupations matérielles et urgentes de nombreux Américains. Les défis quotidiens liés à l’emploi, au pouvoir d’achat et à la sécurité ont été perçus comme négligés dans sa communication. Ainsi, elle n’a pas su établir un diagnostic pertinent qui aurait pu résonner avec une majorité d’électeurs.

Une leçon de communication

Cette élection nous enseigne que toute stratégie de communication – qu’elle soit politique ou entrepreneuriale – doit commencer par une écoute attentive de son audience. Un bon diagnostic est le socle d’une communication réussie, car il permet de comprendre les préoccupations profondes, les besoins primaires, les peurs et les aspirations du public.

Dans le contexte actuel, cette leçon va bien au-delà de la politique. Toute organisation cherchant à convaincre doit d’abord s’interroger : qu’est-ce qui motive réellement son audience ? Proposer des solutions innovantes ou alignées avec des valeurs nobles ne suffit pas si elles ne répondent pas aux besoins ressentis.

L’art d’un bon communicant réside dans sa capacité à écouter, analyser et comprendre son audience pour identifier ses préoccupations réelles. Ce n’est qu’en établissant cette connexion que l’on peut espérer susciter une adhésion durable.

En fin de compte, en communication comme en politique, tout commence par une écoute attentive et une analyse rigoureuse des attentes de son public.