squid-game
21 Oct 2021

Ce que la série Squid Game nous dit de notre capacité de concentration 

On ne présente plus la série Netflix « Squid game » qui a explosé tous les records de visualisation en Streaming et de viralisation, ces dernières semaines, sur les réseaux sociaux.

Pour ceux que ne l’ont pas encore « binge watché », cette série Coréenne raconte l’histoire d’un groupe de personnes endettées qui acceptent de risquer leurs vies dans des jeux mystérieux de survie, avec comme récompense, une somme de 45,6 milliards de wons2,3(soit environ 32 millions d’euros).

Au fil des épisodes nous comprenons qu’il s’agit là de jeux clandestins, organisés pour divertir des puissants, qui parient sur des humains comme on pourrait parier sur des luttes de coqs, par exemple.

Face à l’absurdité de la situation, nous découvrons lors du dernier épisode (spoiler alert) que l’organisateur est un riche octogénaire, qui, plongé dans l’ennui d’une société où le divertissement existe en abondance, mais ne permet pourtant plus de divertir leurs cerveaux insatiables, a eu l’idée avec d’autres amis de la même caste sociale, de créer ces jeux de mort, pour essayer de retrouver le même niveau d’enthousiasme, de divertissement et de surprise, qu’ils ressentaient lorsqu’ils étaient enfants.

En gros le pitch c’est ça.

Si cette série, peut être interprétée de centaines de façons, car elle pose des questions fortes sur la nature humaine, la lutte des classes, les dérives de la concentration de la richesse, sur jusqu’où on serait capable d’aller pour de l’argent, en particulier si on est dans le besoin.

Son succès en dit long aussi sur notre société post covid, avide en tant que spectateurs, de trash, de psychédélisme, tout comme de complotisme et de critique sociale.

Il me semble aussi que cette série met surtout en exergue la société du divertissement permanent dans laquelle on vit, qui en multipliant de façon exponentielle et inédite le contenu, le divertissement disponible chaque jour sur les différentes plateformes de streaming et de gaming, nous plonge pourtant, de façon surprenante et contradictoire, dans un ennui infiniment supérieur à ceux de nos ainés, et ruine d’autant plus notre capacité à nous en satisfaire.

A être heureux dans le fond.Cette série raconte, en effet, quelque chose sur le divertissement que l’on consomme, et vers lequel on va.

Même si on n’arrivera peut-être jamais à un tel niveau d’absurdité, de ces jeux de morts organisés par une poignée de fortunés qui s’ennuient et qui seule la mort des autres pourrait encore enjailler (quoi que…).

Aujourd’hui il est facilement constatable que nous avons tous de plus en plus besoin de pousser le divertissement à un niveau extrême pour espérer ressentir une poussée infime d’adrénaline, tant nous sommes abreuvés de stimulations au quotidien.

Lorsque l’on regarde le contenu disponible sur youtube par exemple, son abondance et la difficulté à maintenir notre attention, nous poussent constamment à vouloir du spectaculaire à la mr beast, avec des millions de dollars, du danger, des larmes, des explosions, pour espérer se divertir un peu.

On consomme tellement de contenu incroyable au quotidien, que l’on veut toujours plus.Les questions que l’on doit se poser si on continue sur cette lancée sont :

Combien d’heures de contenu avons-nous besoin chaque jour pour se sentir heureux ? Existe-il encore de l’espace pour des activités moins spectaculaires ? Qu’est ce qui sera capable de divertir, de contenter les générations futures, si elles grandissent dans une telle surenchère de divertissement ?

Car le problème est que, comme l’explique très bien Sébastien Bohler dans « Le Bug Humain », dans un monde où le divertissement existe en abondance, nos cerveaux incontinents, voient désormais les autres activités considérées comme moins spectaculaires (et influençant pourtant de façon autrement significative notre bonheur personnel), comme la lecture, l’éducation, la pensée, la contemplation, l’amour, l’entraide, l’écoute… , comme un investissement hasardeux, une possible perte de temps, un temps gâché qui pourrait être utilisé de façon instantanée et gratifiante, à se divertir à coup de poussées d’endorphines sur netflix, youtube, insta ou xnxx, là tout de suite.

Cet arbitrage en faveur du divertissement spectaculaire est problématique car il ruine notre capacité de concentration alors que celle-ci est une denrée des plus précieuses, tant il n’est pas possible de penser le monde, de réfléchir, de s’instruire, de se former sans une bonne capacité de concentration.

Et elle est problématique également car cette surenchère du divertissement ruine d’autant plus notre capacité au bonheur, qui ne se définit pas comme la multiplication des expériences, comme on souhaite nous faire croire, mais qui réside davantage dans notre capacité à nous satisfaire de ce que l’on vit, de ce que l’on possède et à rechercher le bonheur dans la contemplation et l’absence de souffrances, comme le pensait Aristote ou Épicure.A méditer, si tant est que vous n’ayez pas déjà zappé…

Michael Dias
m.dias@spitchconsulting.com

Fondateur de Spitch, Storyteller, Speaker, Coach de Dirigeants et grand passionné de Présentations. ll est professionnellement issu du Marketing et de l’univers de la Téléphonie Mobile.   Retrouvez le sur Twitter et Linkedin !



Un projet de formation ? Parlons-en !