Pourquoi-la-génération-Y-est-elle-en-train-de-démissionner--
10 Jan 2017

Pourquoi la génération Y est-elle en train de démissionner ?

Nées dans les années 80, elle est réputée difficiles à manager, à rester concentrée, accusée d’être instable, paresseuse même parfois, elle fait l’objet de diverses études cherchant à comprendre pourquoi elle rencontre tant de difficultés à s’intégrer en entreprise.

Ceux qui la composent disent rechercher une mission davantage qu’un travail, un mentor plutôt qu’un chef et veulent avant tout avoir de l’impact, de l’influence dans ce qu’ils font. Quitte à prendre le risque de tout abandonner s’ils ne l’obtiennent pas.

Je ne cesse de voir mes amis démissionner, des posts surgissent tous les jours avec des histoires de personnes ayant moins de 5 ans d’expérience et souhaitant déjà devenir CEO sur Linkedin. convaincus qu’ils sont que leur insatisfaction au travail est due uniquement à une monde de l’entreprise qui ne leur permet pas de s’exprimer.

Si le mot « startup » les fait rêver reste que pour comprendre l’exode de la « génération Y » il est nécessaire de prendre en compte plusieurs aspects souvent laissés pour compte des études faites sur le sujet.

 

On leur a dit qu’ils étaient spéciaux

Les nouvelles générations ont grandi en pensant qu’ils étaient spéciaux, qu’ils pourraient avoir tout ce qu’ils veulent, atteindre tous les objectifs qu’ils se fixeraient.

C’est la culture de la télé, du jeux vidéo, des publicités vantant des plaisirs sans fin, de la consommation comme réponse à toutes les frustrations. Ces générations ont été formatées, valorisées pour consommer toujours davantage.

Une fois arrivés dans l’entreprise, la stimulation à laquelle ils ont été habitués disparaît. Ils se rendent très vite compte qu’ils ne sont pas si spéciaux, qu’il est difficile de se voir valoriser pour ce que l’on fait. On vous demande de réaliser des choses pas toujours intéressantes, souvent rébarbatives, peu stimulantes mentalement et les promotions demandent du temps.

Première conséquence: les nouvelles générations grandissent avec une plus faible estime de soi que n’avaient les précédentes, frustrées de ne pas atteindre le potentiel qu’ils avaient envisagé pour eux-mêmes et croient voir dans l’entreprenariat l’échappatoire à toutes leurs frustrations.

 

Les réseaux sociaux et la culture de l’insuffisance

Les « millennials » sont aussi les premières générations à avoir grandi avec les réseaux sociaux, ce qui est problématique à plusieurs niveaux.

Les réseaux sociaux c’est la culture des filtres sur la réalité, qu’on ajoute et magnifient les images. Mais surtout les filtres de la production et la sélection des photos que l’on poste et qui permettent de créer une distorsion positive sur l’histoire que l’on souhaite raconter de soi même.

Ainsi, bloggers, marques et influenceurs en tous genres sont passés maîtres dans le storytelling de soi. Vantant le caractère privilégié de leur existence, ultra busy, ultra intéressante. Souhaitant à tout prix inspirer et motiver ceux qui les suivent à devenir de meilleures personnes.

Avec ces fausses bonnes intentions, ils ont frustré des générations entières, convaincues de leur insuffisance et prêtes à tout pour ne pas s’accommoder, ne pas se satisfaire, et tant pis si elles vivent désormais dans la comparaison constante. Devenues incapables d’apprécier ce qu’elles possèdent.

Deuxième conséquence: les nouvelles générations ne savent plus se contenter de leur condition, de leur poste et ce qu’importe le niveau d’intérêt que celui-ci représente. Il leur faut toujours plus de responsabilités, de salaire, de choses à montrer pour donner envie aux autres sur Instagram. L’entreprenariat représentant pour eux souvent la Rolex de Jacques Seguéla, 25 ans plus tôt.

 

Le smartphone: notre dealer quotidien de dopamine

Les réseaux sociaux en général et notre smartphone en particulier produisent en nous au quotidien des quantités sans précédent de dopamine. Chaque notification, message et alerte provoquent en effet en nous une montée de dopamine qui nous rend complètement addict.

La dopamine c’est la même substance que nous produisons lorsque nous fumons, nous buvons où nous jouons. En gros, c’est très très addictif.

Le souci c’est que cette drogue a ruiné notre capacité de concentration. Toujours à l’affût d’un sms, d’un mail, d’une notification en tout genre, nous n’hésitons plus à interrompre une conversation IRL (in real life) pour checker une quelconque newsletter qui vient de tomber.

Troisième conséquence: on a une génération qui n’est plus capable de valoriser un échange social comme il le mérite, un échange d’idées fructueuses, une histoire intéressante, tout ce qui permet de créer du lien, fomenter des idées, faire émerger de l’innovation. La dopamine de la distraction permanente rendant tout le reste moins attractif.

 

L’Impatience: ou l’ère de la gratification instantanée

On vit dans un monde à gratification instantanée. Vous souhaitez acheter un produit, Amazon vous livre le jour même. Vous souhaitez voir une série, connectez vous sur netflix. De la même façon, vous voulez rencontrer quelqu’un? plus besoin d’apprendre à se tenir, gérer le stress des premières conversations, de la séduction. Swipez à droite sur Tinder et basta!

La gratification ne peut plus attendre. Tout ce que l’on souhaite est devenu à accès instantané. Tout, hormis la satisfaction au travail ou dans une quelconque relation humaine. Il n’y a pas d’application pour cela. C’est lent, inconfortable et compliqué.

Je vois partout autour de moi des cas de jeunes diplômés qui ont à peine commencé leurs carrières et qui sont déjà sur le point de démissionner. Avec pour principale raison, celle de ne pas réussir à avoir de l’impact dans ce qu’ils font.

Ils ont commencé leur carrière il y a moins de 5 ans et veulent déjà avoir davantage d’influence. Ils ont l’obsession d’arriver au sommet de la montagne sans la patience de la gravir.

Cette génération a besoin d’apprendre la patience. L’amour, la confiance, les compétences prennent du temps. On peut parfois expérimenter un peu de chaque, mais leur maitrise demande plus de temps et d’expérience.

 

CRÉER SA STARTUP : LA NOUVELLE UTOPIE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DE NOTRE TEMPS

La génération Y c’est aussi celle de l’idéologie entrepreneuriale. On lui a venté la startup comme la finalité de sa réalisation personnelle. On lui a bourré le mou d’exemples de jeunes à peine sortis d’école, ayant une « idée », s’entourant de codeurs et levant des millions facilement. Devenus maîtres de leur vie, souhaitant changer le monde et surtout devenir milliardaires du jour au lendemain.

Alors forcément, rester en entreprise à attendre son évolution professionnelle pendant qu’il semblerait que tous les jeunes de son âge soient en train de « changer le monde » tells des nouveaux Zuckerbergs, ça frustre.

Les « millenials » vivent en entreprise souvent dans une transition espérée avant ce « nouveau monde », sans connaître la réalité souvent glaciale de l’entreprenariat, dans laquelle la plupart des start-up échouent rapidement, où le régime de la précarité prévaut et ou la pression horaire est exercée par le fait de l’obligation rapide de résultat.

 

L’entreprise pas adaptée au monde d’aujourd’hui

On a beau blâmer cette génération, elle est le fruit de son époque. Formatée pour consommer, lorsque l’on dénonce cela, on est souvent accusé par les bien pensants tirant partie des conséquences, de ne pas avancer avec son temps.

Mais, la vérité se trouve ailleurs.

La génération Y démissionne c’est aussi à cause de l’entreprise.

Pensée pour le passé, elle propose aujourd’hui encore trop de tâches rébarbatives, ne souhaitant pas entendre les recommandations des jeunes générations qui pourraient pourtant faciliter leur transition digitale, simplifier les tâches, fluidifier les process. Elle a soif d’initiative et se voit trop souvent brimée par l’immobilisme de l’entreprise.

Les conditions de travail ne sont plus adaptées elles non plus aux réalités d’aujourd’hui.

On se lève à 7h du mat, on s’inflige une heure de transports pour aller faire des choses (mails, confcalls) que l’on pourrait faire à distance avec beaucoup plus d’efficacité. La fibre est partout, les endroits de co-working sont partout, mais on continue d’obliger les salariés à se déplacer sans raisons. Juste pour pouvoir les fliquer à l’ancienne et ne pas admettre que personne n’a besoin d’un employé 8 heures par jour, sans discontinuer.

En effet, nos missions possèdent des temps forts et des temps morts, alors que nos horaires restent immuables.

Si certaines journées nécessiteraient 10 heures de travail d’autres ne demandent pas plus de 3. Cette obligation « pour l’image » de rester à son poste qu’importe la réalité du terrain mine le moral des nouvelles générations, assoiffées de plus de flexibilité et d’autonomie, qu’on ne leur donne pas.

Pour finir, le manque criant de bons leaders capables de faire grandir cette génération Y en entreprise est affligeant. En faisant un rapide tour autours de nous, on se rend très vite compte que le principal problème pointé du doigt c’est l’incapacité de son propre chef à en être un. On a crée des rangs de petits chefs, juste bons à fliquer, à re-fowarder la pression lorsque ça va mal et à ramasser les éloges dans les moments de gloire.

Conséquence: on a des générations entières de jeunes souhaitant plus que tout s’investir dans une entreprise, dans une mission collective, mais dont l’organisation que l’on fait de leur travail les bride, les démotive et les pousse vers la sortie sans qu’ils en comprennent les raisons.

 

En bref :

Les nouvelles générations continueront de démissionner tant que l’on sera incapable de faire le bon diagnostic, réorganiser le travail de façon à s’adapter aux modes de vies d’aujourd’hui.

Si créer leur propre « start–up » les fait rêver, tant ils sont abreuvés d’exemples illusoires, il semble urgent qu’ils comprennent que l’entreprenariat ne résorbera pas toutes leurs frustrations.

Le monde de l’entreprise lui à un vrai rôle à jouer pour faire aboutir le potentiel ces « millenials ». Et pour cela, l’émergence de bons leaders est indispensable et ça passe forcément par l’incentive, la formation et une nouvelle culture d’entreprise. Et dans ce domaine là en France il y a du boulot.

 

Michael Dias
m.dias@spitchconsulting.com

Fondateur de Spitch, Storyteller, Speaker, Coach de Dirigeants et grand passionné de Présentations. ll est professionnellement issu du Marketing et de l’univers de la Téléphonie Mobile.   Retrouvez le sur Twitter et Linkedin !



Un projet de formation ? Parlons-en !