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13 Mar 2020

Maîtrise le Storytelling comme Gad Elmaleh

Depuis quelques années on entend de plus en plus parler de Storytelling et de l’importance de savoir raconter des histoires pour rendre nos présentations plus vivantes et intéressantes.

Souvent, nos clients nous demandent d’intégrer une histoire à leur discours avec cette intention, de le rendre plus moderne, plus captivant peut-être, mais souvent sans vraiment savoir comment ça fonctionne, ni pourquoi ça fonctionne.

Si vous nous suivez ici sur le blog vous savez sûrement quelle est notre position sur ce sujet. Nous pensons que les histoires en effet très utiles, parce qu’à leur écoute le cerveau humain sécrète des endorphines, des ocytocines, de la dopamine, des substances qui améliorent la concentration et la confiance mutuelle. C’est en écoutant des histoires que notre espèce a appris des expériences des générations qui l’ont précédée et a pu ainsi se développer. L’être humain préfère donc « consommer » de l’information si celle-ci est structurée sous forme d’histoire.

On est donc a priori assez favorable à cette option d’intégrer une histoire à chaque présentation et nous avons même été les pionniers français en la matière.

Cependant nous pensons que les histoires ne doivent pas être gadgétisées. Pour nous, il ne s’agit pas d’intégrer une histoire, juste pour le fun, juste parce que c’est à la mode. Et le souci c’est précisément parce que c’est à la mode aujourd’hui qu’on en retrouve désormais en pâture à chaque présentation et les conférences de nos jours se ressemblent toutes. Ça en devient presque caricatural et ça dessert souvent même la cause que l’orateur défend.

A l’inverse nous pensons que les histoires n’ont de raison d’exister dans votre discours que si elles sont authentiques, que si elles ont réellement eu lieu et surtout que si celles-ci servent à soutenir l’argumentation de l’orateur.

En effet, intégrer une histoire dans un discours, au-delà de rendre plus humain l’orateur et paraître « cool », ça n’a de sens que si ça permet d’amener l’auditoire à un niveau de réflexion supérieur, de façon à ce qu’il puisse extraire de cette histoire des enseignements utiles au raisonnement que l’oraateur propose globalement dans notre présentation.

A ce propos, il y a un très bon exemple de maîtrise du Storytelling, réalisé par Gad Elmaleh récemment, qui concluait le gala « Boma Momentum 2020 », qui résume à mon sens parfaitement, comment le Storytelling fonctionne et comment on doit l’utiliser.

 


Voici donc la lecture que l’on peut faire de son intervention :

Hameçon :

 

Lors de cette prise de parole, Gad commencera par citer Diderot « on pense mener le destin mais c’est le destin qui nous mène » nous dit-il. Il en profitera pour porter à dérision ses affaires de plagiats, en insistant sur le fait qu’il a appris de ces erreurs et qu’il cite l’auteur, dorénavant.

Cette partie initiale lui permet de capter l’attention et de pouvoir désormais utiliser cette attention pour dérouler son raisonnement.

 

Contexte :

 

Lors de cette conférence Gad était invité à monter sur scène pour donner son point de vue sur les nouvelles technologies et l’accélération du rythme de vie auquel celles-ci nous incitent.

Gad poursuivra son intervention en contextualisant sa réflexion, en donnant quelques exemples de l’utilisation précipitée des réseaux sociaux que l’on commet tous plus ou moins de nos jours. Il citera l’exemple de ce post qu’il réalisera à la hâte lorsqu’il a aperçu la cathédrale Notre Dame en feu et les nombreuses critiques qu’il a pu recevoir sur Instagram de fans mécontents de son parti pris. Il citera également cette fan qui un jour lui a demandé de lui envoyer une vidéo de lui avec un tube de dentifrice à la bouche et qui s’est indigné à la suite de sa non réponse.

En gros, il utilisera cette introduction pour poser les bases de sa réflexion, et exprimer à quel point les comportements d’aujourd’hui aspirent à une immédiateté, qu’il juge problématique.

 

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Des attentes personnelles …

 
Sans transition apparente, Gad poursuivra ensuite son discours avec une histoire personnelle. Son enfance à Casablanca. Cet enfant qui a grandi sans réseaux sociaux, avec une seule chaine de TV, mais qui recevait de France parfois des cassettes vhs d’émissions de Michel Drucker. Grâce à l’une de ces cassettes, il nous dit qu’il découvrira un jour l’humoriste Thierry Le Luron.

Il a été fasciné par l’artiste à tel point que lorsqu’il apprend que celui-ci se produira quelques semaines plus tard à Casablanca, Gad implore à ses parents de l’y amener. Il nous dit que son père a acquiescé. Puis nous raconte l’attente jusqu’au jour du dit spectacle, qui remplissait d’une joie d’anticipation l’enfant Gad Elmaleh, qui ne dormait pas de tant d’émotion.

Le jour J arrive, ses parent l’emmènent au spectacle, mais Gad s’aperçoit très vite que tout ne se passera pas comme il l’avait prévu…

 

…qui se heurtent à une réalité imprévue :

 

Gad expliquera en effet que son père n’avait absolument pas anticipé l’achat des billets et s’est retrouvé donc ce soir là, confronté au prix élevé de ceux-ci, se refusant à dépenser autant d’argent pour « mec tout seul » sur scène.

En rentrant chez lui Gad s’effondre en pleurs et décide de repartir à pied jusqu’à la salle de spectacle, dans l’espoir d’apercevoir Le Luron à sa sortie de scène. Encore un fois l’espoir sera vain, celui-ci étant déjà reparti.

 

Une morale :

 
Une fois terminée de raconter cette histoire, Gad conclura sa prise de parole par une morale percutante.

Il nous dit, avoir sur le moment été très attristé, frustré de voir ses attentes inassouvies, mais qu’il a décidé d’apprendre à dépasser cette tristesse, et que cet évènement a même fait l’artiste qu’il est devenu.

Puis il conclut par la même citation de Diderot avec laquelle il a commencé son discours : « on pense mener de destin mais c’est le destin qui nous mène ».

 

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Décryptage :

 

Sans le dire précisément, et en laissant au public faire les déductions qui s’imposent, Gad nous expose sa morale, ce qu’il a extrait de ce vécu, à savoir : que le monde actuel exige trop d’immédiateté, et que l’attente, la frustration qu’il a vécu enfant, avec cette rencontre ratée avec Le Luron, lui a, à l’inverse, permis de devenir un homme aujourd’hui capable de résister à la frustration naturelle, de ne pas pouvoir toujours obtenir tout ce qu’on désire. Mais surtout, que cette attente a fomenté en lui cette aspiration à devenir cet artiste aujourd’hui au moins aussi reconnu que Le Luron, qu’il est devenu.

Avec cette histoire, Gad démontre une excellente maîtrise du Storytelling, un très bon exemple de l’usage réussi que l’on peut faire du Storytelling.

Un exemple brillamment construit, il part d’une situation à ses yeux problématique, il juxtapose une histoire, de laquelle il extrait une morale, des enseignements, qui lui permettent de soutenir avec brio son raisonnement, son opinion sur le sujet, à savoir : l’attente a du bon, cessons d’être impatients, de vouloir tout, tout de suite, et utilisons les résistances, nos frustrations, nos échecs actuels pour développer en nous des capacités insoupçonnées de les surpasser. Le fameux « ce qui ne te tue pas te rend plus fort » de Frederich Nietzche, en somme.

Avoir intégré cette histoire à son discours, au-delà du charme que l’on peut lui accorder, n’a de sens que parce que celle-ci permet de faire advenir son raisonnement, et c’est bien la seule raison valable, à nos yeux, d’intégrer une histoire personnelle dans un discours ou une présentation. Pensez-y !

 

Michael Dias
m.dias@spitchconsulting.com

Fondateur de Spitch, Storyteller, Speaker, Coach de Dirigeants et grand passionné de Présentations. ll est professionnellement issu du Marketing et de l’univers de la Téléphonie Mobile.   Retrouvez le sur Twitter et Linkedin !



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