L’humour est la caractéristique qui nous est la plus commune, et nous sommes même la seule espèce à être capable de rire.
Si nous rions tous à des choses différentes et bien souvent sans en comprendre les raisons, ce que la littérature nous dit c’est qu’il existe 3 principales raisons à l’origine de nos éclats de rires.
La première c’est que l’on rit parfois tout simplement parce que l’on souhaite soulager notre stress ou souffrance intérieure, telle une soupape, qui soulage la pression.
On rit d’autres fois lorsque l’on se sent supérieur à une situation que l’on observe.
Exemple : une personne passe devant nous dans la rue, glisse et tombe. Inconsciemment, malgré la compassion qui nous anime, il peut nous arriver d’avoir un fou rire incontrôlable face à cette situation. Tout simplement car notre super-Ego renvoie un signal de contrôle et supériorité face à la situation, qui ne nous affecte pas et nous donne l’envie de rire.
Et la troisième raison, on rirait également de l’absurdité, de l’incongruité d’une situation en comparaison avec ce qu’elle aurait dû être dans un monde normal. Une roue carrée, un chien qui marche sur deux pattes, un cochon qui fait du vélo. L’incongruité entre ce qui est et ce qui devrait être nous fait rire, tout simplement et l’effet de surprise est un facteur toujours déterminant dans ce processus.
Maintenant que l’on connaît les raisons à l’origine de nos esclaffements, penchons-nous à présent sur les techniques permettant de provoquer ces mêmes esclaffements.
Bien souvent, on a cette idée que le sens de l’humour est quelque chose d’innée, et que seule une poignée d’illuminés sont capables de faire rire en masse et c’est faux !
Kant, le fameux philosophe allemand le disait déjà au 17ème siècle, le sens de l’humour est juste une façon différente, de la conventionnelle, de regarder le monde et de le commenter, à l’aide de différents stratagèmes.
Aujourd’hui je vous propose donc de décrypter les 6 stratagèmes cachés dans le storytelling humoristique, et comment faire rire en regardant le monde différemment.
Opposer deux choses :
Il s’agit par exemple du cas ultra connu de Laurel et Hardi, un gros et un petit. C’est un classique en humour, le fait de mettre côte à côte deux extrêmes provoque forcément une réaction en nous. De la même façon que dans d’autres films on retrouve souvent un personnage très sérieux et un autre très extravagant, cela crée forcément des interactions hilarantes.
Autre opposition humoristique intéressante, parler du notable comme s’il s’agissait de quelque chose de banal (humour anglais) et à l’inverse parler de banalités comme s’ils s’agissait de quelque chose de notable (humour américain), par exemple. Cette incongruité entre ce qui est et ce qui devrait être, a toujours de bonnes probabilités de nous faire rire.
L’imitation :
Les imitations ont de tout temps eu la capacité de nous faire rire. Voir quelqu’un capable de reproduire la même voix d’un politique, d’un chanteur connu ou mimer les gestes de quelqu’un d’autre nous fait souvent rire, et le cas de Marc Antoine le Bret en est l’exemple le plus contemporain. L’imitation a toujours un coté caricaturale, on garde la structure d’un discours, d’une réalité et on en parodie des éléments pour souligner quelque chose de critiquable. Lorsque c’est bien fait, ça a forcément vocation à nous faire rire.
Retourner les choses à l’envers :
C’est l’une des techniques les plus utilisées en storytelling humoristique. Le fait de regarder un événement, une réalité et d’essayer de l’observer d’un autre angle, de la transposer dans une réalité où les choses fonctionneraient à l’inverse de ce qui se passe dans notre monde, est vraiment très efficace.
Un super héro réparateur de vélos, se sentir coupable d’avoir couché avec sa propre femme, demander pardon pour avoir fait le bien, ou un poisson qui va dormir avec les humains. Toutes ces situations sont des visions inversées de la réalité, une façon différente de voir les choses, conflictuelle, et qui fait émerger des concepts souvent très marrants.
Exagérer :
L’exagération, le fait de forcer un trait, prendre un raccourci, est souvent mal vu dans nos sociétés, où il semblerait que la réalité soit toujours plus complexe qu’une blague de comptoir.
Pourtant l’une des principales techniques de l’humour consiste précisément à exagérer une vision des choses de façon à ce qu’une certaine réalité nous apparaisse comme davantage évidente.
Les préjugés, les généralisations, les énormités cachent parfois une part de réalité, que le politiquement correct souhaite nous empêcher de dire tout haut. C’est celui-ci le rôle des humoristes, de regarder les choses comme le ferait un enfant et en extraire les éléments les plus critiquables et grossiers.
D’autre part, l’humour, par nature, observe des personnes en panique et il n’y a pas de meilleure façon d’augmenter cette panique, que d’amplifier une situation au maximum.
L’exagération est donc une excellente façon d’observer un personnage en galère croissante et pour que cela soit efficace ça doit être fait par un mouvement d’approximation et en augmentant progressivement les ennuis provoqués à ce personnage, de façon à en tester les limites.
Ce qui donne des situations souvent très amusantes : lorsque nous souffrons de toutes les maladies ce qui est inquiétant c’est de ne pas en avoir une en particulier. Lorsque tous les gens nous entourant sont devenus des animaux, le plus inquiétant c’est d’être un humain. Etc…
Changer quelque chose d’endroit :
Autre technique redoutable du storytelling humoristique, c’est le fait de transposer certains éléments d’une réalité à une autre. Que ce soit un personnage ou un type de discours, cette incongruité est très très efficace.
Un roi mage qui serait gay. Condamner le criminel et la victime, sous prétexte qu’on ne veut pas savoir qui a commencé. Une scène de jalousie entre un médecin et son patient, sous entendant que ce dernier l’aurait trompé avec un spécialiste plus jeune.
Ces situations sont incongrues, et le fait de transposer des éléments, la plupart du temps de discours, sont des moments de vraie délectation.
La répétition :
Enfin, dernière technique permettant de créer des moments humoristiques c’est la répétition d’un même mot, tic ou blague, qui peut provoquer de bons éclats de rire.
Certains humoristes aiment par exemple jouer avec la sonorité des mots, et répéter à l’exhaustion des mots à la phonétique bizarroïde.
Un personnage qui a un tic de langage ou gestuel, et que l’on retrouve tout au long d’un sketch a également de bonnes probabilités de nous faire rire, à condition de savoir s’arrêter à temps.
De la même façon, ce qu’on appelle la “running joke”, un trait humoristique que l’on retrouve au début d’un sketch et qui vient conclure ce même sketch, reste un classique indétrônable.
En bref :
Voici donc les différentes techniques pour faire rire un public. A partir d’aujourd’hui vous pourrez les identifier plus facilement dans chacun des one man, sketch ou discours auxquels vous assisterez.
Alors, forcément créer un storytelling humoristique comme le font les meilleurs humoristes c’est compliqué, cela demande de l’expérience, de la technique, mais cela relève essentiellement du travail de chacun bien plus que d’un talent inné.
Michael Dias
Fondateur de Spitch, Voyageur, Storyteller, Speaker, Coach de Dirigeants et grand passionné de Présentations.
Retrouvez-moi sur Linkedin