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05 Mar 2015

Les Grands Yeux – Une excellente formation en storytelling (mais un mauvais film)

En effet, il s’agit là d’une excellente formation en storytelling à moins de 10 euros.

Je viens d’assister au dernier film de Tim Burton – Les Grands Yeux et je dois dire que le temps m’a semblé extrêmement long.

Mais si ce film m’a paru assez pauvre d’un point de vu cinématographique, ( et ce n’est que mon opinion) il est cependant très riche d’enseignements storytelling. Et ce bien malgré lui. Des enseignements plus précisément sur comment se valorisent aujourd’hui les idées, les produits et les personnalités, que je tenais à partager avec vous, ici sur le blog.

Pour vous expliquer cela je suis obligé de vous « spoiler » le film.

Les Grands Yeux - Une excellente leçon de storytelling formation

 

En gros, c’est l’histoire d’une femme, Margaret, qui pour survivre peint des enfants tristes avec de gros yeux. Une artiste sans succès, qui vend ses oeuvres 1$ pièce dans les rues de San Francisco.

Elle rencontre un homme ayant le sens des affaires et qui, à la suite d’une serie d’événements, parvient à rendre celèbres ces peintures. Et vole la vedette à sa femme, affirmant qu’il en est l’auteur.

Si initialement, elle accepte de rester dans l’ombre pour s’enrichir, elle finira, après avoir constaté un succés phénoménal de ses oeuvre, par demander le divorce et faire un procès à son ex mari, pour pouvoir ainsi voir reconnu son talent.

Bon en gros c’est ça le pitch du film.

 

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Si le film m’a paru long et très mou, c’est essentiellement parce qu’il est très prévisible.

Ils se marient, les tableaux deviennent connus et le mari s’accapare du succès de sa femme. Elle accepte initialement, puis le succès est tel, qu’il devient l’artiste le plus connu au monde. Elle est deg, ils s’embrouillent, elle le poursuit, elle gagne le procès, c’est tiré d’une histoire vraie. Il finit pauvre et elle très heureuse avec quelqu’un qui la mérite …Boring, boring, boring…

Mais alors que je m’apprête à sortir de la salle de cinema, avec la claire sensation d’avoir gaché 1h45 de ma vie, je me rends tout à coup compte qu’il s’agit là d’un excellent exemple à utiliser pour une future formation de Sorytelling.

En effet, la morale du film c’est que Walter lui a volé la vedette, Margaret est à l’origine des tableaux, il est donc normal qu’elle se voit récompensée. Walter s’étant occupé uniquement de la partie « marketing », et s’étant accaparé de l’oeuvre, d’un point de vue notoriété, il doit quant à lui être puni.

Or il me semble que si cette histoire avait lieu aujourd’hui, les tribunaux américains auraient pu en décider tout autrement.

 

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En effet, ce film raconte une succession d’épisodes qui ont permis de rendre célèbres et valoriser les oeuvres de Margaret :

 

1. Dans un premier temps :

Une dispute entre Walter et le patron du bar où étaient exposées les oeuvres de Margaret, finie en confrontation physique, Walter explosant une toile de sa femme sur la tête du patron. Un journaliste est présent, immortalise l’instant et fait découvrir les oeuvres au grand public.

 

2. Deuxième épisode :

L’événement fait le buzz et amène un certain nombre de personnalités dans le bar en question, qui finissent par acheter des toiles de Margaret et les rendent « bancables ».

 

3. Troisième épisode :

Walter étant un excellent communicant et comprenant l’importance du storytelling, invente une histoire de l’origine de son inspiration (il peignerait la tristesse des enfants ayant survécu à la seconde guerre mondiale) qui captive, en cette époque d’après guerre dans laquelle se déroule le film. Crée du sens et valorise un peu plus les oeuvres de Margaret.

 

4. Quatrième épisode :

Apprenant l’organisation prochaine d’une exposition universelle organisée par l’Unicef, il décide de faire peindre par sa femme une toile immense représentant des enfants tristes venant du monde entier. Et associe son oeuvre à la défense du « droit au bonheur » chez l’enfant.

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Alors ou se situe la valeur crée ? Qu’es ce qui à rendu célèbre et « expensive » les oeuvres de Margaret ?

Le talent artistique de Margaret ? ou l’histoire racontée par Walter ?

Il est toujours difficile de répondre à cette question et dissocier le travail de l’auteure de la valeure médiatique crée, dans la part totale du succès d’une oeuvre ou d’un produit.

Mais il semble assez clair dans le film, que ces 4 étapes sont davantage à l’origine du succès des peintures des Enfants aux Grands Yeux, de la raison de la notoriété montante de l’auteur, tout comme de la valeur monétaire de ses cadres.

Sans ces 4 étapes, Margaret aurait surement passé sa vie à vendre ses tableaux aux passants, pour un dollar pièce, comme elle le faisait jusqu’alors.

Et c’est en ce sens que ce film est une excellente formation en storytelling. Il semble même que la trame du film est peut-être symptomatique d’un changement d’ère.

On est passé d’une ère de rareté où ce qui était valorisé, c’était le produit intrinsèque, la valeur du talent, de la compétence, qui représenterait la raison même du succès. La promotion et le marketing ne jouant que des rôles périphériques pour l’opinion publique.

A l’inverse, aujourd’hui dans le monde d’abondance créative et médiatique, la valeur me semble-t-il, se situe bien plus dans l’autre camp.

Charles Buxton disait que le succès était davantage dû à l’enthousiasme de son auteur, plutôt qu’a la seule compétence.

En effet, le succès d’une entreprise, d’un artiste ou d’un produit, est rarement dû à un avantage compétitif seul, à un accès supérieur aux compétences ou aux financements.

La compétence c’est même devenu le minimum exigé pour réussir. A vrai dire, les produits les plus vendus, les personnalités les plus célèbres, ne sont pas forcément les meilleures dans leurs domaines respectifs.

Si ils rencontrent un certain succès, c’est plutôt parce ils ont réussi à se faire connaitre, dans un premier temps, et qu’ils ont une histoire à raconter, qui donne du sens à leur action et l’a rends mémorable.

C’est exactement le cas d’Apple par exemple, une boite qui fait de l’électronique comme il y en a tant d’autres. Une boite qui se fait remarquer par une pub – 1989, et qui grâce au talent d’orateur de son CEO – Steve Jobs – raconte une histoire qui donne du sens à son action : cette mission qu’ils se sont donné, de lutter contre le status quo et de créer des produits qui apportent du progrès à leurs utilisateurs.

On retrouve ici les mêmes éléments que pour Apple, dans le film de Tim Burton : le cadre explosé sur la tête du patron du bar, marque les esprits et fait connaitre l’artiste. Et l’histoire de l’origine de son inspiration, donne du sens à l’action du peintre et la rends mémorable.

 

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Trois étapes donc :

1. Le Buzz capte l’attention, et Walter, le peintre présumé, personnifie l’oeuvre, la rend humaine.

2. L’histoire de l’origine de son inspiration donne du sens à son action et la rends mémorable.

3. L’association de son oeuvre à la cause de la défense des droits et espoirs des enfants du monde entier, octroie une mission de bien commun à l’action du peintre. Il démontre qu’il participe à quelque chose de plus grand que lui même. D’une certaine façon à la création d’un monde meilleur.

 

Morale de mon post :

Sans histoire à raconter sur cet artiste et ses oeuvres, celles-ci ne seraient surement que des cadres parmi tant d’autres. Des grands yeux, de grandes oreilles, un grand nez … Who cares ??

Être compétent, c’est le minimum exigé pour réussir. Ce qui valorise c’est ce qui rends différenciant, et ce qui rends différenciant, c’est d’être capable, après avoir réussi à capter l’attention d’un public, d’avoir une histoire à raconter sur l’auteur et ses réalisations. Une histoire qui représente quelque chose de mémorable, une mission, une cause à défendre. L’acte d’achat d’une oeuvre représentant, par la suite, l’adhésion de son acheteur à la cause défendue par son auteur.

Vous voulez valoriser vos idées, produits ou services ?

C’est le principal enseignement de cette formation en storytelling : Captez l’attention et expliquez en quoi votre action à du sens et participe à la création d’un monde meilleur … et pas juste à faire du business.

 

Michael Dias
m.dias@spitchconsulting.com

Fondateur de Spitch, Storyteller, Speaker, Coach de Dirigeants et grand passionné de Présentations. ll est professionnellement issu du Marketing et de l’univers de la Téléphonie Mobile.   Retrouvez le sur Twitter et Linkedin !



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