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04 Jan 2021

Pourquoi l’usage du jargon dénonce un manque de confiance en soi

Qu’importe votre entreprise, votre secteur d’activité ou votre fonction, vous devez sûrement utiliser chaque jour des dizaines de mots de jargon, et ce la plupart du temps sans même vous en rendre compte.

Le jargon est partout, qu’il s’agisse d’anglicismes, de mots valises, d’expressions concaténées ou de simples acronymes, nous en utilisons tous, y sommes habitués. On y a recours parfois par praticité, pour gagner du temps, parce que l’on pense se comprendre entre « experts ».

On l’utilise également parce que « cela fait pro », on a l’impression que cela nous crédibilise, que cela démontre que l’on fait partie d’un cercle fermé, d’un groupe, d’une classe sociale presque, et on pense inconsciemment parvenir à prouver par l’usage du jargon que l’on maîtrise les codes pour s’y maintenir.

Si ce sentiment d’assurance que nous provoque l’usage de jargon peut parfois nous sembler pertinent dans le milieu professionnel, notamment, une nouvelle étude sur le sujet, de la Columbia and the University of Southern California, vient démystifier le tout, en démontrant que son utilisation, n’est pas preuve d’intelligence ou de compétence, mais à l’inverse révèle souvent un manque de confiance latent.
 

Le jargon : une question de statut

 

 Pour comprendre ce qui nous pousse à utiliser du jargon, les co-auteurs de l’étude Zach Brown, Eric Anicich et Adam Galinsky ont mené une série expériences.

L’une d’entre elles, par exemple, a consisté à demander à des étudiants bénévoles en MBA de présenter une idée lors d’un concours de pitchs, au cours duquel on leur demandait de se mettre en concurrence avec des entrepreneurs de haut niveau.

En parallèle, les auteurs de l’étude demandaient à d’autres étudiants de se mettre en concurrence avec d’autres entrepreneurs au statut inférieur (étudiants de première année).

Les chercheurs ont constaté que plus les participants étaient préocupés quant à leur statut relatif, plus ils utilisaient des mots jargon.

Une autre expérience a consisté à analyser la sémantique utilisée dans la rédaction de plus de 60 000 mémoires universitaires, et les auteurs ont retrouvé le même schéma – plus le statut de l’université est faible, plus les étudiants ont tendance à utiliser du jargon dans la rédaction de leurs mémoires.

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Si l’usage du jargon est donc un signe de statut, cette stratégie est-elle efficace pour autant ?

 
En réalité tout dépend du public auquel vous vous adressez.

Si vous êtes médecin, ou expert-comptable, et que vous vous adressez à d’autres professionnels de votre secteur, possédant le même vocabulaire, la même compréhension de vos thématiques, alors l’usage du jargon, peut être utile, permettre d’être plus précis, d’aller droit au but également, d’être compris, plus rapidement.

A l’inverse, l’usage de jargon, de mots clinquants ou d’anglicismes, avec un public ne maitrisant pas toute la subtilité de votre thématique, ou ne parvenant pas à décrypter chaque mot de façon rapide et spontanée, sera perçu comme un manque d’adaptation de votre part, voir un manque de respect.

Enfin, l’usage excessif de jargon, surtout lorsque celui-ci serait facilement remplaçable par des mots du quotidien est souvent signe d’un manque de maîtrise de son sujet.

Lors de processus d’apprentissage d’une thématique de société par exemple (mondialisation, libéralisme, développement durable…), ou de philosophie (hédonisme, utilitarisme, nominalisme…), on s’aperçoit en effet, que les étudiants tendent à multiplier le recours à des « buzz words », pour se crédibiliser et masquer leur manque de maîtrise profonde des sujets.

A l’inverse plus on domine une thématique et plus on est capables de la rendre accessible, et d’adapter notre langage au public. Albert Einstein disait que si vous ne pouvez pas expliquer une idée à un enfant de 6 ans c’est que vous ne le comprenez pas assez, et on ne peut qu’être d’accord avec cette phrase.

Pour finir, sachez que l’usage de mots de jargon surcharge dans tous les cas votre communication, exige davantage de concentration de la part de votre public et nécessite toujours davantage d’effort de la part de votre auditoire. Et ce même si celui-ci maîtrise votre thématique.

L’attention moyenne de l’être humain étant passée en dessous de celle du poisson rouge depuis une dizaine d’années, le conseil que l’on peut vous donner c’est celui de ne pas surestimer l’attention que les gens ont à vous accorder. Simplifiez donc leur toujours la tâche. Rappelez au passage la définition d’un mot plus compliqué, rappelez à votre public la signification d’une cigle, et utilisez des mots français pour remplacer les anglicismes non indispensables.

Dans le monde de l’économie de l’attention qui est le nôtre, il est de plus en plus difficile de capter l’attention d’un public de plus en plus distrait. Votre rôle en tant qu’orateur est avant tout d’être compris, vérifiez donc de toujours faire votre part du job !

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Michael Dias
m.dias@spitchconsulting.com

Fondateur de Spitch, Storyteller, Speaker, Coach de Dirigeants et grand passionné de Présentations. ll est professionnellement issu du Marketing et de l’univers de la Téléphonie Mobile.   Retrouvez le sur Twitter et Linkedin !



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