Michael Dias est le fondateur de l’Agence Spitch. Passionné de Storytelling et de prise de parole en public. Tout au long de cette interview il revient sur son parcours, la création de l’agence, son quotidien d’entrepreneur, ainsi que les grands défis du coaching en France.

 

Pouvez-vous nous résumer votre parcours professionnel, en quelques mots ? 

Je suis diplômé d’une école de commerce, l’ESC Toulouse, à la suite de laquelle j’ai travaillé chez Lexmark en tant que coordinateur Marketing, puis chez LG en tant Responsable Marketing Produit Téléphonie mobile. Principalement du lancement et de la gestion de produits, sur des problématiques High Tech.

 

Comment  vous est venu l’idée de créer une agence dédiée à la prise de parole en public ?

Lorsque j’étais chez LG, j’ai été amené à présenter de nombreux lancements de produits face à la presse. Pour me préparer à ces grands oraux, j’ai passé de nombreuses heures à visionner des Keynote d’Apple et d’autres grandes marques de la Sillicon Valley, et puis j’ai lu à peu près tous les livres sur la prise de parole en public. C’est vraiment un sujet pour lequel je me suis découvert une réelle passion.

 

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Un jour, suite à mes différentes conférences de presse, j’ai été invité par un grand opérateur de téléphonie mobile, pour l’accompagner dans l’une de leurs importantes prises de parole, à l’international. Travailler le discours, développer des contenus Multimedia et coacher les orateurs. Au cours de cette mission, je me suis aperçu que la prise de parole en public était un vrai souci pour la plupart des orateurs que j’ai rencontré (peur du public, problèmes de structure, manque de compétence design…).

A la fin de cette collaboration, j’ai donc décidé de démissionner et de créer une agence dont la mission serait d’aider tous les porteurs d’idées à les valoriser à l’oral, par la création de présentations, le coaching et la formation des orateurs. Et c’est depuis quasiment 5 ans ce qui nous anime au quotidien.

 

En quoi consiste concrètement votre fonction au sein de l’agence ?

Quand vous créez une agence vous faites un peu tout. Nous sommes une agence très proche de nos clients. Je suis généralement celui qui prend les leads, qui gère la plupart des comptes. Je fais également directement la gestion de certains projets, pour nos clients les plus récurrents, par exemple. Je coordonne les storytellers, les graphistes. Il m’arrive de designer également, je coach et forme les orateurs, et sans oublier, toute la partie siteweb, blog, et comm’, que je pilote au quotidien.

 

Michael Dias, quelles sont les grandes différences entre votre vie d’avant, en tant qu’employé et celle d’entrepreneur aujourd’hui ? 

En étant qu’entrepreneur vous êtes dans un processus de constant renouveau. En tant qu’employé, vous avez des tâches, des missions, qui sont généralement toujours les mêmes. Votre quotidien se ressemble et votre objectif est d’être le plus performant possible dans ces mêmes tâches. Alors qu’à l’inverse en tant qu’entrepreneur, vous êtes constamment en train d’essayer de vous réinventer, d’imaginer de nouveaux services, de nouvelles façons de communiquer, de nouvelles cibles à conquérir. C’est un process intellectuel très intense, très physique même parfois, mais super stimulant. C’est une vraie drogue et je pense que l’Entreprise aurait beaucoup à y gagner, si elle autorisait et « incentivait » davantage ses employés à s’exprimer et entreprendre au sein de celle-ci.

 

L’Agence Spitch compte presque 5 ans de vie, quel est votre mérite dans cette aventure entrepreneuriale ?

Je ne crois pas au mérite, ni au démérite. Nous faisons tous, tout ce que nous pouvons tout en évitant de courir le risque de toucher à nos fondations, à ce qui nous maintient debout. Personnellement, j’ai quitté l’entreprise car je trouvais cela trop normalisant et j’avais du mal à trouver la case dans laquelle j’aurais pu m’exprimer. Et c’est cette insatisfaction qui m’a poussé à entreprendre et à me lancer.  C’est l’insatisfaction, qui est le moteur des initiatives de l’être humain en général, et ce malgré tout ce qu’essayent de nous faire croire nos politiques. C’est pourquoi il est important de développer chez les plus jeunes l’esprit critique et de non conformité.

 

 

Quels conseils donneriez vous aux jeunes justement, qui veulent créer leur entreprise ? 

Tout d’abord, de commencer avec ce qu’ils ont. Bien souvent, on a des idées et on se dit : « j’aimerais bien me lancer mais il me faudrait tant d’argent, recruter des compétences etc. ». Et c’est généralement ce discours qui empêche les gens de se lancer. Mon conseil c’est de commencer avec les compétences, le réseau et le savoir faire qui est le leur à ce moment T, et au fil du temps et des rencontres, enrichir son offre avec de nouveaux upgrades.

Second conseil : Celui de ne pas trop regarder ce que font les autres, ce que fait la concurrence. Aujourd’hui si vous allez sur internet vous trouverez plein de personnes brillantes, qui ont eu à peu près toutes les idées que vous pourriez avoir, ce qui bien souvent est démotivant. Il est important d’avoir une culture générale de ce qui existe, mais ça ne doit pas vous empêcher de vous lancer. Votre façon de faire, de communiquer, de travailler peut faire la différence et il existe assez de place pour tout le monde.

Dernier conseil : Celui de se former continuellement, ne vous contentez pas de votre école de co ou d’ingé. Soyez curieux, formez vous au maximum de techniques et connaissances possibles. Creusez les sujets qui vous intéressent, devenez des experts et trouvez de nouvelles façons de vous exprimer. C’est par là que passe l’innovation.

 

Quels sont les grands défis du coaching en prise de parole en public avec lesquels vous vous confrontez au quotidien ?

Pour moi le principal défi c’est de réussir à contourner la déformation professionnelle qui empêche les orateurs de progresser. Et dans ce cas de figure on est un peu des prêcheurs de la bonne parole, avec une certaine difficulté à se faire entendre. 

Les mauvaises habitudes sont si encrées dans la culture d’entreprise, qu’elles finissent par en devenir la norme. Communiquer en regardant l’écran derrière soi, avoir des slides trop chargées et 50 bullets points, le tout sans aucune notion de structure, ni de Storytelling, c’est ce qu’il y a de plus commun en entreprise, de nos jours. Tout le monde sait que ce qu’ils font est à bannir à l’oral, mais personne n’ose vraiment changer de peur de faire tâche.

 Ça me fait souvent penser aux premiers cours d’anglais au collège, où le seul élève qui réussissait à prendre le bon accent à l’oral se faisait vanner par le restant de la classe, qui avait le classique « french accent ».

 

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes à l’oral ?

Il y a de nombreuses erreurs, que l’on retrouve chez la plupart des orateurs. Cependant pour moi, le principal défaut c’est celui de charger ses slides avec beaucoup de texte et de bullet points. L’objectif, la plupart du temps, c’est de paraître sérieux, de montrer que l’on a bien bossé son discours. Dans tous les cas c’est juste la preuve la plus évidente, d’un manque de préparation, pour pouvoir y jeter un coup d’œil si on a un trou de mémoire, une fois sur scène. À bannir donc !

 

Quelles sont vos principales références en tant qu’orateur ?

Les américains sont les rois de la comm’. D’Obama, jusqu’au mec qui vous sert votre café au Starbuck à NewYork, toutes leurs interactions sociales sont efficaces (eye-contact, articulation, posture, enthousiasme, etc). C’est donc tout naturellement que mes principales références soient américaines. Forcément Steve Jobs, Guy Kawasaki, Daniel Pink, Simon Sinek, entre autres.

 

Jobs était-il vraiment le meilleur à l’oral ?

Il y a un certain mysticisme autour de Steve Jobs, allié à des lancements de produits iconiques, qui nous empêche de dissocier de ses compétences en tant qu’orateur et qui rendait toutes ses Keynotes mémorables. Mais personnellement, je trouve que c’est en effet l’orateur à partir duquel j’ai pu extraire le plus d’enseignements.

 

Quel est votre Ted Talk préféré ?

 J’aime beaucoup le premier Ted Talk de Simon Sinek sur la communication des marques, dans lequel il invite à toujours partir de la raison de vivre d’une marque pour justifier l’existence d’un produit. C’est très évocateur et très actuel.

 

Quels sont vos livres référence sur le sujet, les lectures que vous pouvez conseiller à tous ceux qui s’intéressent à la prise de parole en public ?

 “Winning the Story wars” de Jonah Sachs, a été pour moi un livre révélateur, tout comme “Enchantement” de Guy Kawasaki.

 

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Vous avez mis en place un blog au sein du siteweb de l’Agence, avec un calendrier éditorial très soutenu, quel est l’objectif de ce blog ? 

En fait, j’ai beaucoup lu sur le sujet, de nombreux livres, de nombreux articles de presse/blogs sur le sujet également. Et je me suis rendu compte que la plupart de ce qui était écrit sur la prise de parole en public (et sur de nombreux autres sujets, par ailleurs) était complètement dépourvu d’enseignements.

Aux US la quasi totalité des livres ou post de DIY (7 steps to … how to … easy guide to …) vous donne plein de conseils généralistes et finit généralement par « above all : be passionate… » Comme ça c’est simple, si vous n’y arrivez pas, c’est parce que vous n’êtes pas assez passionné. 

C’est comme si on vous donnait plein de bonnes intentions, mais sans vous livrer la clé de voute qui fait tenir l’ensemble. Vous finissez la plupart des lectures sur le sujet, vous fermez le livre et vous vous dites : “ok, c’était intéressant mais je ne sais pas plus présenter à l’oral aujourd’hui que je ne le savais avant d’avoir lu tout ça”. Tout simplement parce que l’objectif de tous ceux qui écrivent ces livres est généralement que vous intégriez l’une de leurs formations payantes.

 Du coup, je me suis dis qu’il serait intéressant de partager au quotidien des conseils pratiques, des choses qui sont utiles et applicables directement. Et c’est ce qu’on se propose de faire de façon régulière sur le blog. Des post faciles à lire et répondant à des problématiques que rencontrent réellement les orateurs en entreprise, et les retours sont très positifs.

 

Si vous pouviez ne donner qu’un seul conseil pour cartonner à l’oral, quel serait-il ?

De répéter chaque présentation au moins 4 fois avant de monter sur scène.

 

Êtes vous uniquement coach ou êtes vous encore orateur vous même ?

Comme je l’ai dit précédemment, j’ai commencé à m’exprimer à l’oral, fraîchement sorti d’école, en présentant des conférences de presse devant 200 journalistes. Aujourd’hui, je donne des conférences dans des séminaires d’entreprises, j’interviens régulièrement dans des écoles de commerce ou de Digital Marketing, pour former les étudiants aux techniques de Pitching. Et puis, je forme de façon récurrente, nos clients à la création de présentations ainsi qu’aux techniques de prise de parole en public. C’est notre cœur de métier.

 

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Question de Geek, quelle est votre config, en tant qu’orateur ?

 Un Macbook Pro 15’’, un cliqueur Logitech – Wireless Presenter – R400 et un micro Rode SmartLav +, parce je préfère pouvoir m’exprimer avec les mains plutôt que de les occuper avec un micro.

 

Qu’aimez vous le plus dans votre métier ?

J’aime accompagner des porteurs d’idées, des personnes qui créent des produits capables de changer le monde et leur donner toutes les clés pour qu’ils puissent le crier haut et fort, convaincre le plus de monde possible et atteindre leur potentiel. Je crois avoir réussi à le résumer succinctement (rires…)

 

Quels sont vos meilleurs souvenirs de coach depuis la création de l’agence ? 

Les grands oraux, ces Keynotes dans lesquels nos clients ont 1000 personnes en face d’eux, où le moindre faux pas est fatal. Ce niveau de pression est super stimulant et vivre ça avec eux, c’est vraiment génial.

Après les voyages aussi, c’est toujours cool d’aller à NewYork avec un client… bon, il y a des déplacements moins glamour aussi :D

 

Quels sont les futurs projets pour l’Agence Spitch ?

 Accompagner le plus de porteurs d’idées possible. Continuer de prêcher la bonne parole, les bonnes méthodes, les techniques qui permettent de valoriser les idées et convaincre. Nous travaillons également sur de nouveaux formats, le développement des “lives” (facebook, webinar, periscope) est également prévu pour cette année. 

 

Pour finir, quelques citations inspiratrices à l’américaine ?

 « Good marketing makes the company look smart. Great marketing makes the customer feel smart. »

« Start where you are, use what you have, do what you can »

« Success is less due to competence than to zeal »

« et surtout, soyez passionnés… » (rires …)